- Le Yama et le Niyama : le savoir-vivre et le savoir-être
- Asana, Pranayama et Pratyahara: le souffle énergétique entre le corps et l’esprit
- Dharana, Dhyâna et Samadhi : être acteur conscient du monde
Le Yama et le Niyama : le savoir-vivre et le savoir-être
La première branche, le Yama représente les règles de la vie sociale. C’est un ensemble de principes et de lignes de conduite que chaque individu devrait suivre pour vivre son épanouissement ouvert sur autrui. Dans les règles du yoga, il est donc primordial de toujours s’exprimer avec sincérité, de rester non-violent dans toutes les situations et naturellement d’être honnête et généreux.
Ensuite vient le Niyama qui concerne les comportements personnels dans leur développement. Cette branche met en avant l’expression de la personnalité en invitant à une forme d’introspection. Le Niyama amène chacun à se poser des questions fondamentales sur son identité, tout en encourageant certains principes : la pureté dans l’alimentation de l’esprit, la recherche de la satisfaction, la discipline et l’abandon aux principes supérieurs (le divin dans une approche spirituelle religieuse).
Asana, Pranayama et Pratyahara: le souffle énergétique entre le corps et l’esprit
La troisième branche décrite dans le Yoga Sutra est l’Asana. Ce terme signifie position, et c’est ce souvent à quoi un regard extérieur de non initié réduit la pratique du Yoga. Si l’assouplissement et la tonification du corps sont en effet au cœur de l’Asana, son principe fondamental relève avant tout de la symbiose entre le corps et l’esprit. Le Yoga revendique une prise de conscience totale des flux énergétiques qui nous traversent.
Le lien vers la quatrième branche est immédiatement trouvé : le Pranayama. Le Prana est le terme qui permet de définir l’énergie vitale qui nous anime. Le Pranayama, c’est tout l’art d’apprendre à connaître et à maîtriser cette énergie. C’est dans ce cadre que la respiration intervient comme vecteur de l’équilibre psychique et physique. Dans ce domaine, les pratiquants du Yoga prennent totalement conscience que leur mental oriente leur fonctions vitales et que leur corps joue sur leur stabilité émotionnelle. D’un point de vue presque médical, le réapprentissage de la respiration équivaut à des séances de kinésithérapie visant à améliorer tant les fonctions motrices que neurologiques. C’est une étape indispensable pour atteindre un état de conscience élargie.
Cinquième branche, le Pratyahara vise à ouvrir ses sens vers l’intérieur. L’ouïe, la vue ou le toucher ne sont ici pas seulement considérés comme des capteurs d’informations. Ils sont mis en abîme pour nous faire comprendre que toute expérience est vraiment d’abord vécue en conscience. Pour rapprocher cela de notre philosophie occidentale, le Pratyahara n’est, pour schématiser, pas très éloigné des principes existentialistes ou plus simplement du « Cogito ergo sum » de Descartes : je pense donc je suis. Si l’on voit une table à l’extérieur de nous, elle est en fait perçue de l’intérieur par notre conscience. En quelque sorte, c’est nous qui décidons de la faire exister. Certains grands Yogis auront donc coutume de dire qu’ils ne sont pas dans le monde mais que le monde est en eux. Le Yoga est donc une invitation à prendre du recul sur son corps et plus globalement sur soi-même, c’est une grande leçon de relativité.
Dharana, Dhyâna et Samadhi : être acteur conscient du monde
Sixième branche mise en exergue par Patanjali, le Dharana correspond à la maîtrise de l’intention et de l’attention. Dans un univers confus et complexe où les informations abondent de toutes origines et en tous sens, les perceptions du monde extérieur ne sont, en fait, qu’une sélection de messages qui viennent à constituer ce que nous appelons la réalité. Il ne s’agit pourtant que d’une lecture de la réalité. Est donc rouge ce que des principes de vie en société, tels que le langage en est l’expression, nous ont fait accorder comme étant rouge. Prendre conscience de cela permet à chacun d’orienter son attention et de définir plus précisément ses intentions. D’un point de vue plus pratique et dans un langage plus concret, le Dharana permet de mieux hiérarchiser les gestes du quotidien comme les objectifs de la vie.
Le septième principe est appelé Dhyâna. Il pose la question du sens de la vie et recherche la prise de conscience du besoin de témoigner. Il est la totale négation du déterminisme qui voudrait que l’être humain soit « de ce monde », de passage sur Terre comme autant de grains de sable ou la poussière qui redeviendra poussière… Selon les principes fondamentaux du Yoga, nous sommes « dans le monde » et que nous participons au changement perpétuel, à la dynamique qui anime le système. Ainsi chacun de nos actes prend sens tant dans leur insignifiante apparence que dans leurs larges conséquences.
Enfin, la dernière branche présentée dans le Yoga Sutra se présente en quelque sorte comme l’aboutissement de la réflexion qui amène le « moi » à dépasser les contraintes spatiales et temporelles. Il est la prise de conscience qui transcende l’individualité vers l’humanité qui inscrit chacun dans l’éternel et l’infini.